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Bonjour, nous vous souhaitons la bienvenue sur le site de l’association Noviembre Clown Théâtre.
Ici vous trouverez toutes les informations concernant notre projet associatif, notamment les textes fondateurs, les différentes animations que nous proposons, des ressources pour découvrir la culture du clown contemporain, et quelques références pour approfondir notre pratique.
Je m’appelle Francisco Ariza, originaire d’Andalousie, et je suis à l’initiative de cette Association 1901. Après 12 ans en France et 8 ans de formation en clown de théâtre (notamment à l’école bordelaise du Théâtre du Chapeau), c’est le moment pour moi d’avancer dans ma pratique du clown, d’oser s’affirmer artistiquement et enrichir mon parcours associatif par l’autonomie et l’authenticité. J’ai démarré ce projet grâce au soutien inconditionnel de ma famille, et je construis progressivement une singularité pour l’Association. A travers les différentes propositions à développer, j ‘espère trouver d’autres personnes intéressées pour participer à cette aventure sérieusement clownesque. Alors je vous invite à nous rejoindre pour développer ensemble la culture du clown contemporain!
Notre point de départ
Nous sommes nez à Bègles en février 2025, et nous sommes fier.e.s de notre environnement socioculturel.
Nous travaillons pour développer des projets pédagogiques auprès du jeune public (écoles et autrement), proposer des animations et spectacles en milieu associatif, et utiliser l’improvisation théâtrale de différentes façons, notamment pour agir dans l’espace public. En dernier nous allons organiser nos propres événements tout au long de l’année pour partager notre passion, financer notre projet et fédérer amicalement notre réseau clownesque (au mesure des possibles car nous n’avons pas notre propre salle).
Alors c’est quoi être clown?
Pour nous situer dans l’univers du clown nous parlons de « clown du théâtre » ou « clown contemporain », et nous faisons ainsi la différence avec d’autres formes clownesques.
Pour mieux comprendre le clown de théâtre, je vous conseille fortement l’ouvrage « Voyage(s) sur la diagonale du clown », en compagnie du Bataclown. Pour moi ce livre est une source pédagogique de grande qualité, hautement recommandable car on peut y trouver une vue d’ensemble du contexte contemporain du clown, nous offre une compréhension profonde de l’archétype à travers ses traits principaux, et nous partage la riche expérience d’une compagnie référente dans le monde du clown de théâtre. Vous trouverez aussi d’autres références pédagogiques intéressantes concernant ce sujet dans le volet « ressources ».
Je me permets de rajouter quelques mots pour souligner l’aspect « poétique et spirituel » que j’attribue à l’archétype du clown contemporain, en me faisant écho évidemment de ma propre expérience dans la pratique du clown et dans mon parcours spirituel (étant les règles de clown aussi des règles de vie, n’est pas?). Ces influences m’invitent à concrétiser la singularité du chemin que j’aimerai parcourir avec cette Association, sans forcément rétrécir l’Association à ma propre vision du clown. J’éviterai de parler du clown comme étant une voie salutaire, mais je reconnais comme même quelque chose de salutaire dans la pratique de clown, quelque chose qui favorise l’éveil à la nature de la condition humaine.
Je parle du clown en tant que figure théâtrale, étant un mélange alchimique de puissance et délicatesse. Un être avec un regard empli de passion et d’humilité, d’une créativité imposante, très innovatrice et authentique. Rêveur et romantique, traverse les échecs comme un couteau dans le beurre, et ouvre toujours par sa ferme détermination le champs de possibles. Tendre et doux malgré la rudesse technique de la réalité matérielle, généralement émerveillé par la beauté exubérante du monde qui l’entoure. Même si naïf et maladroit, ce personnage reste acide et révolutionnaire par la transparence innocente de sa vitalité poétique. Très empathique et courageux, il peut emprunter n’importe quel chemin, car pas d’obstacle pour une si puissante volonté. Drôle par nature car toujours imprévisible, il reste impossible à étiqueter. Une corporalité intelligente qui questionne les rationalités dominantes par la simplicité de son imaginaire. Foulosophe psicomagique, il ouvre des portes et des fenêtres là où le commun des mortels ne voit que des murs! Hypersensible et amant de la justesse, donc anticonformiste. Têtue et rigoureux, il persévère jusqu’à trouver la sortie au fond de l’impasse. il peut tomber 7 fois, il se relève 8 et maintient ainsi debout la dignité de l’être humain! Loufoque par la conscience de sa plénitude à chaque instant. Il représente une bagarre existentielle entre désespoir intrinsèque et liberté irréductible. Énigmatique et mystérieux, il vient de loin et ne reste jamais trop longtemps. Lumineux comme une luciole sylvestre dans l’obscurité du temps machinal…
Notre pratique du clown
Comme je disais plus haut, je me suis formé principalement au Théâtre du Chapeau à Bordeaux. En suivant la même pédagogie que Bataclown, le Théâtre du Chapeau développe à sa façon la pédagogie « à la découverte de son propre clown »: une pédagogie non directive basée dans la construction d’un cadre sécure et bienveillant dans lequel les personnes eux mêmes, à travers les différentes dynamiques du jeu théâtral, permettent et favorisent l’émergence clownesque d’un.e personnage vivant.e propre à chacun.e. On peut parler donc d’une pratique basée sur le développement personnel, mais visant à dépasser la propre personnalité égotique.
De mon point de vue parler de « mon clown » ce serait en effet un contresens, car par cette activité on cherche plutôt le contraire; c’est-à-dire, on souhaite que la figure du clown nous dépasse et devienne le pilote de la situation. A cet effet, ce serait comme une invocation au plus grand que soi, une espèce de « prière en mouvement ». En revanche ça ne suffit pas, à mon avis, pour critiquer, mépriser et réduire la pédagogie « à la découverte de son propre clown » au simple amusement égotique, au pansement affective, à la nostalgie d’une liberté enfantine, etc. Le développement personnel sans une dimension thérapeutique et spirituelle ne pourrait pas favoriser notre résilience et faire avancer notre pratique du clown. De l’autre côté, un « chamanisme » qui ne prend pas soin psycho-affectif de la personne qui chausse le nez n’est qu’une domination subtilement dantesque.
Pour moi la voie « à la découverte de son propre clown » est suffisamment digne et rigoureuse pour être considérée, de mon point de vue, comme une des perspectives les plus intéressantes pour pratiquer le clown de théâtre d’une façon joyeuse et populaire. Je ne crois pas dans les voies directives, souvent basées sur la conquête extérieure d’une satisfaction technique en dépit du bien-être psycho-émotionnel des personnes. En plus, ces dynamiques favorisent la séparation entre les personnes formatrices et les stagiaires (ou entre l’artiste et le public), établissant ainsi de rapports de domination inconscients mais très nocives et malsaines.
Autrement, pour grandir dans la pratique du clown il ferait intégrer d’autres pratiques complémentaires, non seulement artistiques mais aussi (surtout) spirituelles. Méditation, yoga, danse intuitive, soins thérapeutiques.. Marcher dans ce sens permet le développement intégral de la personne et non seulement scénique. A priori la pratique du clown n’est pas forcément basée dans la performance (faire « le clown ») mais dans la quête de notre propre essence en tant que vulnérabilité: vulnérabilité non comme faiblesse mais en tant que fragilité fonctionnelle: car pour goûter à la source de la singularité de notre être, on ne peut pas faire l’économie de se dénuder ; et ça c’est la tâche de toute une vie (ou plusieurs selon les bouddhistes!). Fragile car sans la pleine conscience de la complétude de l’instant présent se dénuder devient tout simplement impossible. De la que je méfie systématiquement de tous ces clowns noirs « encore habillés » qui osent nous moraliser avec son cynisme haineux, qui piétinent les valeurs humanistes pour se positionner en tant que élites culturelles d’un monde en décadence.
Après de ces réflexions je me permets de reformuler la vision pédagogique par laquelle je vais développer progressivement ma pratique du clown au sein de cette association. Ce ne serait pas « à la découverte de son propre clown » mais « à la découverte de sa véritable clownerie ». C’est-à-dire, on change « propre » par « véritable », pour contourner ainsi les nombreuses contraintes de la normativité sociale. Et on change « clown » par « clownerie » (puissance et délicatesse clownesque) pour éviter de s’identifier au résultat (rester sur l’authenticité de l’archétype plutôt que sur les mérites de la personnalité). Voilà la piste à suivre dans mon cas, ou je vais mettre mon énergie pour continuer à expérimenter une intégration progressive de l’être que « je suis » à travers la pratique artistique du clown contemporain. Hâte de le partager avec celleux qui le souhaitent, avec douceur et bienveillance, et surtout avec une bonne dose d’ouverture d’esprit et d’humilité.
Le sens philosophique qu’émerge naturellement de notre pratique
Parmi les choses qui m’aident à trouver un sens inspirant à mon existence, il y à la pratique du clown. Ce que je cherche dans le théâtre n’est pas seulement m’amuser mais surtout me ressourcer: me (re)connecter à la source de notre véritable nature, à la source de notre condition humaine, à la conservation des valeurs humanistes stables, qui nous permettent de grandir et faire société autrement, qui nous permettent de rester enracinés face à la décadence culturelle de notre société, et de résister à l’orage actuel de haine et dépression qui déchire notre planète, pour pouvoir offrir un abri chaleureux et soutenant au nouveau monde qu’est en train de naître.
Et ce qui est en train de naître sous les cendres de toute une civilisation c’est aussi la conscience de notre propre vulnérabilité en tant que trésor. Pour survivre à cet effondrement en cours, on a besoin de notre cœur, car il garde tout au fond de lui toute la sagesse de l’univers tout entier. Dieu, Amour, Nature, appelle ça comme tu veux. Cette sensibilité inhérente et fragile est la source originelle aussi de l’imaginaire et la créativité clownesque. Et loin d’être une faiblesse, est tout simplement l’unique forme possible d’intelligence, étant la connaissance de la rationalité logique (par elle-même) une illusion chimérique qui nous mène droit dans le mur.
La vulnérabilité devient ainsi la pierre philosophale dans la pratique du clown contemporain.
Et alors la devise de notre association tombe sur la tête comme une pomme bien mûr:
« L’unique art digne de ce nom, c’est l’art de vivre«